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" J'étais étrangère "

" J'étais étrangère "
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25 décembre 2020

4 mois à Djerba.

A Djerba, lorsqu’on a fait le tour de l’île, il n’y a plus grand-chose à faire.

C’est un endroit paisible mais surtout favorable aux activités touristiques. Il n’y pas vraiment de zones historiques à visiter, ni de centres culturels. Il n’y a pas non plus de véritables lieux dédiés aux activités physiques mis à part les salles de sport et, peut-être, des clubs de football.  

Lorsqu'on n'est pas local(e), il faut penser à négocier un petit peu au moins. 1 heure de cheval pour un résident est souvent équivalent à 15-20 dinars tunisiens alors lorsqu'on nous propose 60 dinars de l'heure, il faut faire le calcul... J'avais réussi à négocier la moitié et j'étais plutôt satisfaite jusqu'à ce que j'apprenne combien payent d'autres expatriés (après tout, j'ai un titre de résidente).  30 dinars est un tarif tout à fait correct pour les touristes, il est toutefois toujours possible d'essayer de négocier et de bluffer un peu : conseils de tunisiens. Cependant, ayant une situation plutôt privilégiée, je n'aime pas chipoter pour 10 dinars... du moins, lorsque les choses ont été claires dès le départ.  

     Beaucoup de djerbiens savent monter à cheval ; ils ont appris sur le tas. C’est presque « culturel ». Les hommes en font une activité professionnelle mais les djerbiennes sont rarement à dos de cheval.

 

Bien que la Tunisie soit peut-être le pays du Maghreb qui accorde le plus d’équité entre les femmes et les hommes, il est intéressant d'observer certaines "normes". Ici, il semble que ce soit une règle tacite que les terrasses de café soit réservées aux hommes. Car tout comme le thé fait partie des coutumes au Royaume-Uni, ici le tunisien ne saurait se passer de son café. C’est surtout un lieu de sociabilisation. Les femmes, quant à elles, peuvent se retrouver dans les salons de thé. 

Pourtant, bien que chacun ait son "environnement social", il est difficile de ne pas observer les différences d'attitude. 

Si les hommes semblent affables, les femmes paraissent froides et distantes. On pourrait penser que c'est un moyen de se préserver des hommes, certes très (trop) entreprenants... mais il y a un manque de solidarité dans la gent féminine. Me concernant, je trouve les relations avec d'autres femmes plus faciles à partir d'un certain âge.

Les femmes sont donc très réservées mais semblent vouloir se préserver en communiquant peu...

Récemment, j'ai souhaité acheter du crédit pour mon téléphone. La plupart du temps ces transactions se passent avec des hommes. La dernière fois, j'ai eu affaire à une interlocutrice aussi évasive que dédaigneuse... Me montrant aussi patiente que possible, j'ai fini par hausser le ton pour lui faire comprendre que ce qui lui semblait évident ne l'était pas forcément et que c'était pour cette exacte raison que je lui demandais de m'éclairer.

J'ai également été déçue au moment d'aller acheter des fleurs d'intérieur. L'expérience du fleuriste n'a pas été formidable... Personne pour vous accueillir dans la boutique, ni catalogue, ni bouquets exposés... J'ai dû pénétrer dans "l'atelier" où j'ai trouvé une jeune femme affairée à couper des tiges qui tombaient sur un sol déjà jonché de feuilles. Ce qui m'a le plus dérangée a été de me retrouver face à un dos. J'ai attendu ainsi une vingtaine de minutes jusqu'au moment où je lui ai demandé de me regarder sans quoi je ne serais pas en mesure de faire affaire. 

        En parlant des fleurs - nous avons la chance d'avoir un climat et un environnement qui permette à beaucoup de djerbiens de jardiner. Il est plus courant de se rendre à la pépinière que chez un fleuriste. Non seulement les fleurs sont chères mais le choix est très restreint : des roses et parfois des tulipes ou des lys, selon la saison. De plus, la présentation est moins soignée car les feuilles sont souillées.

Concernant la composition, j'étais un peu frustrée de devoir insister pour obtenir des informations... et du manque de transparence sur les prix. Il m'a fallu être vigilante sur le nombre de fleurs afin d'établir le prix exact de mon bouquet. 

Heureusement, la frustration passa dès le lendemain en trouvant mes roses ouvertes et épanouies. Elles ont égayé mes journées pendant près de 15 jours, avant mon départ pour la France !

 

 

 

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29 novembre 2020

Trois mois à Djerba.

L'hiver est arrivé. Fini les séances de prélassement sur les plages de sable blond au bord des eaux translucides. Le rivage d'Houmt Souk se pare de flamants rose et autres oiseaux migrateurs.

Ce mois-ci, j'ai eu l'occasion de me rendre à Guellala, surnommée aussi la ville des potiers. Il y avait plein de petites boutiques devant lesquelles les artisans exposent leurs créations colorées. Je ne m'y suis pas arrêtée. Le chauffeur de taxi, avec qui j'avais sympathisé en route, m'a proposé de m'emmener dans un atelier pas vraiment connu des touristes avant de me déposer au fameux musée.

J'ai beaucoup aimé y visiter l'entrée d'une mine d'argile : c'était très étroit et l'obscurité nous a rapidement enveloppés. Le minier m'a expliqué qu'ils y travaillent la nuit car remonter à la surface, en journée, leur brûlerait les yeux. Ils s'y engouffrent avec des bougies et savent qu'ils doivent remonter lorsque la mèche de celle-ci s'éteint par manque d'oxygène.

Il m'a ensuite montré l'état de l'argile brute et les bassins dans lesquels ils la plongent durant trois jours pour l'amollir avant de la filtrer et de la battre. Après cela, il m'a fait une mini démonstration en créant un cendrier; m'a montré le four traditionnel et expliqué les autres  de fabrication.

La visite s'est terminée par la visite de la boutique familiale... Il m'a dit qu'ils l'appellent la caverne d'Ali baba et... des 40 marchands !

J'étais émerveillée par l'abondance d'articles. Certains sont bruts d'autres sont peints et décorés par les femmes. Moi, j'ai choisi un photophore brut à motifs de feuilles de palmier et d'étoiles. J'ai été séduite par le mélange des argiles rouge et blanche (l'une a été mélangée avec de l'eau salée tandis que l'autre est mélangée avec de l'eau douce". J'ai aussi acheté une petite clochette qui m'aura été bien utile à moi et mes collègues par la suite !

A Guellala, les prix ne sont pas indiqués car "c'est à la tête du client !"  ; je pense qu'ils sont un peu plus francs que les commerçants des villes. Je suis partie avec une jolie petite rose des sables en prime qui trône fièrement sur ma cheminée.

 

J'ai aussi profité de jolis couchers de soleil à la plage de Sidi Jmour, réputée pour ses "falaises". Il y règne une des plus anciennes mosquées de l'île et on m'a dit que durant les beaux jours, les plages sont bondées.

A chaque fois, nous profitons d'un magnifique spectacle de Mère nature. Ce sont des instants de pur émerveillement face à des couleurs chatoyantes et vives. On y apprécie également le son des vagues. Un bel endroit où se ressources, définitivement.

 

En parlant de plages, je me suis remise à monter à cheval au moins une fois toute les deux semaines. L'objectif c'est de monter le plus possible pour avoir une activité physique autre que mes trajets en vélo. Mais il n'y a pas de ranch comme en France ici. Monter à cheval, comme quasiment toutes les autres activités à Djerba, est réservé au tourisme.

Les bateaux pirates annulant leurs sorties, j'ai donc réservé ma première balade de deux heures depuis des années !

Qu'est-ce que c'était chouette ! Nous avons longé la plage (en évitant les filets, pierres, bouteilles plastique) avant d'arriver sur la presqu'île des Flamants roses. Au retour, nous avons longé la rive opposée d'où nous pouvions apercevoir les flamants. Achille, "mon" cheval, allait bon train. C'était un moment suspendu puisque nous suivions alors le vol d'un oiseau blanc pendant plusieurs minutes. Nous avons ensuite eu le plaisir de faire un bon galop dans les dunes et nous sommes rentrés en profitant des couleurs du coucher de soleil au son des clapotis en traversant une mare.

La deuxième balade fut moins amusante, dans les terres berbères, car le guide avait constamment peur que des voitures déboulent et les détritus étaient beaucoup plus présents. Ce qui était chouette, c'était que nous avons pu entrer dans une ancienne mosquée (celles de Djerba se différencient des autres car elles sont particulièrement petites) puis monter sur le toit.

Concernant la troisième fois, par manque de touristes, les chevaux n'avaient pas été sortis depuis dix jours. Achille, d'habitude docile bien que fougueux de part son jeune âge, était très excité et le manisfestait par de légers coup de cul. J'en ai averti mon guide. Maintenant la distance avec l'autre cheval pour éviter l'énervement de ces derniers et par précaution à cause des déchets et autres pierres, Achille s'est impatienté et s'est remis à me donner des coups de cul un peu plus prononcés et s'est cabré pour se délester de moi. 

Heureusement, la chute a été sans gravité et j'ai remis le pied à l'étrier sur un autre cheval, presque aussi impatient.

J'ai fini par mettre un terme à notre balade et mon guide, voulant me prouver que j'avais tort en m'affirmant que les chevaux étaient déjà plus calmes, en attaché un. Celui-ci ne l'a pas entendu de cette oreille et a tant tiré sur sa longe, qu'il a réussi à la briser !

Quelque part, ça m'a fait sourire de le voir si satisfait (oreilles pointées et queue relevée) en s'en allant au galop. On avait peur à causes des voitures mais étant habitué aux trajets, il est rentré sans problème jusqu'au ranch. Je me suis attachée à ces gens et je comprends les difficultés financières auxquelles ils font face mais je verrai si je continue de monter avec eux car bien que les chevaux soient très bien traités, ils ne s'entendent pas entre eux et ne sont pas si bien dressés pour un environnement qui peut s'avérer dangereux par moments.

Outre le cadre et la qualité de la vie, et même si les tunisien(ne)s sont très bornés et même un peu râleurs, j'apprécie la simplicité des échanges sociaux. Il est facile de tutoyer les personnes et je m'aperçois que j'ai trop longtemps habité en métropole. Ce que j'apprécie le plus, c'est que je peux être moi-même : en parlant ouvertement et avec simplicité. Ce que j'ai remarqué, c'est que souvent, les personnes me remercient pour ma gentillesse. Ici, elle n'est pas considérée comme une faiblesse. Toutes les actions, même les plus simples, seront accueillies avec beaucoup de gratitude. Et ca m'inspire.

Petit à petit, je me fais des amis parmis mes collègues locaux et français avec qui je prends du plaisir à collaborer mais aussi rencontrer le week-end. Ce sont des moments importants car avec le stress du travail, il nous arrive parfois d'être en désaccord ou tout simplement de ne pas prendre/ avoir le temps de discuter. Ces moments sont toujours empreints de rires et de complicité, et nous en sortons plus unis.

 

 

22 octobre 2020

Deux mois à Djerba.

Deux mois se sont écoulés depuis mon arrivée sur l'île de Djerba.

On dit qu'elle y a accueilli le mythique Ulysse alors qu'il tentait de retourner à Ithaque, auprès des siens. Il se serrait laisser séduire par la douceur de vivre de cette île et que, pendant un temps, ses hommes et lui ne pensaient plus à retourner auprès des leurs.

Pour le moment, je me suis contentée de découvrir "ma" ville. Je me suis promenée dans les souks animés qui sont parmi les plus étalés de l'île et je me suis aventurée dans les ruelles jusqu'à les apprivoiser. Je m'y sens maintenant chez moi. Après tout, tout le monde est "djerbien" s'il y travaille. Il paraît que je passe plutôt bien, avec ma peau métisse, mes cheveux et mes yeux bruns. La langue, c'est une autre histoire mais le français fait encore l'affaire. 

La route, comme partout, a ses lois. Ici, c'est de ne pas en avoir. Parfois, il m'arrive de rencontrer des véhicules motorisés à contre-sens, de rencontrer des personnes marcher presque au milieu de la route car l'absence de trottoirs les embarassent ou de doubler des scooters qui ne sont pas pressés. Souvent, je suis aux aguets  : il me faut regarder à la fois devant moi pour éviter les voitures qui s'arrêtent sans prévenir, les voitures qui déboîtent ou encore les portières ouvertes sans précautions ; et en arrière  : avant de déboîter ou d'indiquer une direction autre que la ligne droite. Je vérifie "les angles morts" car à tout moment, une voiture peut débouler de je-ne-sais-d'où et être réfractaire à me laisser passer alors que je suis dans mon droit. Avec mon vélo, je me fonds dans le monde bruyant des voitures. Quelques fois, il m'est même arrivé de m'arrêter sur le bord de la route pour vérifier la provenance d'un bruit métallique... avant de voir un tacot me dépasser !

Lorsque l'on est piéton, c'est un peu plus tranquille mais il faut être quelque peu aventureux si on souhaite traverser sur les passages cloutés evanescents. En ce qui concerne les taxis, c'est parfois une mini compétition d'en arrêter un ; alors on fait preuve de courtoisie. Les chauffeurs de taxi sont des experts : il nous est arrivé quelques fois de leur faire signe sans grand espoir et de s'étonner de les voir s'arrêter ou de faire demi-tour ! Ils anticipent car, à cause du peu d'affluence des touristes, toutes les occasions sont bonnes pour trouver des passagers... Ou presque. Parfois à la station, alors que tous les hommes sont assis sous les arbres, il faut insister pour que l'un se décide péniblement à te conduire. Ils rechignent à changer leur routine mais se plaignent de ne pas avoir de clients... J'ai aussi compris, dernièrement, que le système de taxi collectif est très présent ici. Ca explique pourquoi, une fois, deux femmes sont montées dans "mon" taxi alors que je leur ouvrai la portière à mon insu. Sans un mot ou explication, j'allais payer une bonne partie de leur course et en plus de cela, la chauffeur avait essayé de me faire payer plus cher que ce qui était indiqué sur le compteur. Heureusement, cette expérience a été exceptionnelle et je ne la laisserais, de toute manière, pas se reproduire.

 

J'ai visité le Fort ainsi que le musée du patrimoine et je me suis émerveillée de la richesse des traditions dont il se fait témoin. Je me suis aussi émerveillée des différences et des similarités avec les cultures occidentales durant les mêmes périodes. Je touchais presque à des petits films dans mon imaginaire qui retraçaient les rencontres entre les civilisations. Lorsqu'on est enseignant, on fait souvent des visites en éclaireur pour ses élèves... Je me suis donc renseignée sur l'accès à ces sites pour des sorties pédagogiques. La bonne nouvelle, c'est qu'ils sont gratuits pour les élèves tunisiens si on remplit un formulaire au moins deux semaines à l'avance. La mauvaise nouvelle, c'est que je n'ai pas que des élèves tunisiens et qu'il faut négocier pour avoir l'équité entre tous les élèves. 

A suivre...

 

 

21 novembre 2016

Des Alsaciens à Belfast !

Aujourd’hui, j’ai rencontré Hervé & Véronique, deux professeurs de Colmar (Alsace). Je leur ai dit que « ça faisait longtemps » alors que j’ai un coloc français haha ! Le pire c’est que c’était sincère ; les voir débarquer fraîchement de France, avec leurs statuts de profs, m’a réchauffé le cœur et m’a fait retrouver quelque chose de familier pour quelques minutes. Ils me connaissaient déjà et je n’étais qu’à demi étonnée connaissant Alan et sa façon chaleureuse de parler de sa vie – mais moi aussi j’avais entendu parler d’eux (sans doute moins, en revanche). Le contact a été chaleureux comme il l’est souvent entre patriotes à l’étranger.

Si Hervé et Véronique sont en Irlande pour quelques jours, ils ne sont pas venus seuls. Il y a un partenariat entre nos lycées et donc cette année, ce sont nos élèves qui sont chargés d’accueillir leurs correspondants Français. Ca signifie aussi que nos cours sont perturbés cette semaine et que je ne sais pas trop qui va venir dans ma classe. On m’a dit que les professeurs et les élèves vont visiter Belfast et le centre Titanic – beaucoup de fun en perspective ! Mais on ne va pas se laisser abattre ; pour la minorité qui viendra en classe avec moi – parce qu’ils n’ont pas eu la possibilité d’héberger un(e) francophone – je prévoie de regarder un film français.

 

Le système éducationnel ici est différent de celui que j’ai connu en France. C’est très intéressant. Je devrais en parler… probablement maintenant. Si ça ne t’intéresse pas, mon ami(e), tu as lu tout ce qu’il fallait lire dans cet article :)

 

En Irlande (du Nord, en tout cas), il y a différents établissements. Je m’aperçois qu’il y a beaucoup d’informations que je ne détiens pas mais je sais au moins que les « Grammar school » sont considérées comme les établissements de référence. A propos ! Ça me rappelle que j’étais vraiment confuse la première fois que j’ai entendu cela… dans mon pauvre esprit de « frenchy », j’ai tenté de traduire mot à mot « école de grammaire » ; ce qui avait franchement de quoi surprendre. Mais non : à la fin de ce qui équivaut à l’école primaire chez nous, les élèves ont un test qui est supposé déterminer leur niveau et donc le type d’école où ils poursuivront leur cursus. Ceux qui ont les meilleurs résultats vont dans les Grammar school.

Ma première impression de Ballyclare High School était formidable. C’est un bâtiment très bien entretenu. Les agents de service nettoient les locaux chaque jour et ne sont jamais au bout de leurs tâches. Lorsqu’on marche dans les couloirs, on voit toutes sortes de tableaux accrochés aux murs selon les disciplines qui sont enseignées ; ils sont exposés pour justifier le choix des élèves et les encourager à persévérer. Il y a également beaucoup de photos, particulièrement de remises de prix.

Dans notre département de langues, il y a par exemple, un panneau avec les avantages d’apprendre une langue étrangère, les personnalités qui connaissent d’autres langues que l’Anglais (vous saviez que la Reine parle le Français couramment, vous ?) et les salles de classe sont tapissées de toutes sortes de citations et affiches qui cherchent à remotiver les troupes. Eh oui parce que parfois on se croit vraiment sur un champ de bataille intellectuelle !

Les Grammar School ont également beaucoup de matériel,on peut considérer les assistant(e)s comme tels, pour donner les moyens à leurs élèves de se démarquer des autres établissements et assurer leur avenir aussi. Je me souviens qu’on m’ait dit que les autres écoles – tu te souviens : celles qui sont réservées aux « mauvais » élèves – n’ont pas tous ces atouts. Comme je ne travaille qu’avec ces premières, je ne connais donc pas les conditions de réussite des secondes. Mais j’ai l’impression que c’est un peu comme nos ZEP… si je devais trouver un équivalent.

 

More to come :)

12 novembre 2016

"Murals" & religions en Irlande.

Il y a quelques semaines, je me suis décidée à aller voir les « murals » de Belfast.

J’ai entendu beaucoup de choses – parfois inquiétantes – sur cette partie de la ville. Les locaux n’aiment pas y aller et parfois n’y ont même jamais mis les pieds ! Non, les « murals » ne sont pas de simples peintures… elles illustrent les conflits qui divisent les Irlandais depuis trop longtemps. Dans l’Ouest de Belfast, on trouve des représentations d’hommes armés et de civils un peu partout. Les « black taxis » circulent fréquemment par là-bas.

Anna a accepté de m’accompagner. Nous avons décidé de poursuivre notre chemin jusqu’à la Peace Line qui est ce fameux « mur de Berlin » entre le quartier catholique et le voisinage protestant. Il y a quelques peintures et œuvres artistiques accrochées mais elles sont noircies par les signatures des nombreux touristes et visiteurs… On y trouve des mots d’encouragement et des citations inspirantes de paix. Quelle expérience puissante de se retrouver « derrière » ce mur. Un mur… et ça suffit pour se sentir comme une brebis galeuse. D’autant plus que l’un des quartiers est situé plus en hauteur que l’autre.

J’avais lu un peu à propos de cet endroit et des circonstances historiques mais j’ai mieux compris en en parlant autour de moi. Ça m’a particulièrement touchée lorsque ce sont mes élèves, quelques jours plus tard, qui ont abordé le sujet (parce que nous parlons de discrimination dans leur programme). La discussion en Français a rapidement tourné au débat en Anglais mais… ils avaient besoin d’exprimer certains sentiments visiblement. Je leur ai alors posé la question – que j’ai renouvelée avec des adultes – pourquoi les locaux ont si peur de se rendre là-bas. Après tout notre confession n’est pas écrite sur notre front ; j’ai essayé de comprendre. Résultat : tous mes interlocuteurs ont été déstabilisés par ma question et ont reconnu que personne ne pouvait savoir s’ils étaient catholiques ou protestants !

Intéressant la manière dont les préjugés peuvent circuler, n’est-ce pas ?

 

J’y suis retournée avec Glen, quelques jours plus tard, car je lui en avais fait la promesse. Il m’a raconté que son père était missionnaire à Belfast à l’époque où les troubles étaient encore sensibles. Il m’a aussi dit que ses parents ne parlent jamais de cette période. C’est fou qu’il y ait de tels effets encore aujourd’hui.

Cette discussion m’a rappelé celle que j’avais eu avec Nathalie mes premiers jours ici. Française de tradition catholique, elle s’est mariée avec un Irlandais de tradition protestante (réformée). Je lui ai demandé comment elle vivait sa foi : pour ne pas créer de tensions au sein de la famille, elle a choisi de se rendre à l’église protestante avec son mari, et elle assiste aux messes catholiques lorsqu’ils rentrent en France. Elle ne se plaint pas de sa situation. Mais elle m’a dit que ça n’a pas toujours été facile et je pouvais le croire facilement au son de sa voix.

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12 novembre 2016

L'hiver est là !

Il est dix-sept heures, il pleut et il fait noir. L’hiver est là.
C’est le temps idéal pour une petite musique douce, une tasse bien chaude et du papier. Ou un ordinateur, ça fait l’affaire aussi !

 

J’ai acheté un parapluie il y a quelques semaines mais je suis obligée de marcher sous la pluie parce qu’il n’a pas tenu vingt-quatre heures à cause du vent. C’est comme en Guyane sauf que la pluie est froide finalement. Ces journées-là, j’essaie de ne pas trop traîner en chemin pour ne pas avoir mes précieux cahiers mouillés. A Belfast, la circulation est juste terrible ; les Irlandais ne valent pas mieux que les Français dans les grandes villes… C’est peut-être pire. Impossible de traverser si on ne prend pas de risque (combien de personnes étrangères mais aussi locales ai-je entendues marmonner). Je ne comprends pas le réglage des feux de circulation : on dirait qu’ils ne sontni utiles à la circulation des voitures ni des piétons. Finalement, je me suis fait au sens de circulation opposé à celui dont je me suis habituée depuis plus de vingt années donc je suis plus hardie. J’aime marcher à Belfast de nuit ; l’éclairage du City Hall (ou l’Hôtel de ville) lui donne un aspect un peu féérique. J’en connais un qui va être content lorsqu’il va me rendre visite ici parce que depuis peu, il est de couleur rouge. On commence aussi à installer le marché de Noël et les décorations en centre-ville.

 

Cette semaine, nous avons eu une Soirée culturelle pour les Soeurs de l’église. On m’a demandé si je pouvais parler quelques minutes de la France/ Guyane française. C'était un défi pour moi qui suis de nature plutôt réservée, particulièrement dans une langue qui ne m'est pas familière. Mais nous étions en petit comité et j'ai envie de m'intégrer donc j'ai accepté.

Nous avons plusieurs Soeurs étrangères dans notre paroisse. Maité, qui est mexicaine, est arrivée dans une robe magnifiquement colorée ainsi qu'une couronne de fleurs avec des rubans sur la tête. Elle enseigne la danse et a choisi de partager cela avec nous comme une chose importante de sa culture ! Elle nous a montré diverses photos de costumes traditionnels et a même apporté des instruments comme des maracas qu’elle a distribué parmi nous. C’était vraiment un super moment ; surtout de voir la joie sur le visage de Maité. Elle a fini en récitant quelque chose en Espagnol et c’était un moment très fort pour nous toutes.

J’ai été la seconde. J’ai parlé du Carnaval et des week-ends en forêt.

Michelle a fait une présentation sur Thanksgiving en tant qu’américaine (parce qu’on en sait déjà pas mal sur les américains dans notre église haha) et c’était très intéressant. Michelle est une superbe jeune femme.

Soeur Lumbama nous a parlé de l’Afrique et nous a fait un micro démonstration de danse à la demande générale. Elle portait une très jolie jupe aux couleurs de sa tribu et avait tressé un foulard sur sa tête.

Alicia nous a fait voyager en Chine. Peut-être un peu trop longtemps mais c’était dépaysant ! Toutes ces présentations m’ont vraiment permis de me sentir plus proche d’elles. Nous sommes si différentes, par l’apparence et nos cultures, mais nous partageons les mêmes valeurs. Je suis reconnaissante de savoir que partout où j’irai, je trouverai toujours des personnes qui m’aideront à reconnaître la beauté de ce monde. En attendant, j’ai hâte de mieux connaître celles qui m’entourent ici, en Irlande !

 

16 octobre 2016

Belfast

La semaine dernière, un de mes colocataires et moi sommes allés faire un tour en ville. Je voulais voir la Cathedrale St-Anne et je savais que Metan ne ferait rien de sa journée. Il vient de Turquie et a plus de difficultés que moi à s'exprimer en Anglais alors cette balade était une bonne occasion pour bavarder sur le chemin !

 

Nous sommes arrivés à la Cathédrale peu de temps avant sa fermeture. C'était intéressant d'observer le comportement de Metan dans un lieu de culte chrétien alors qu'il est musulman. Puisqu'il était encore tôt, je lui ai proposé de faire un tour dans un quartier proche mais animé. C'est la partie de la ville la plus artistique avec de la musique qui émane de chaque pub ainsi que des peintures murales et autres photographies. J'adore ce genre de chose ; c'est comme se promener dans une ville-musée ! (cf. album Belfast)

 

Sur le chemin du retour, mon coloc a été intrigué par un petit commerce. Il m'avait dit, dans le passé, qu'il cherchait des produits de chez lui mais c'est ce jour-là que j'ai pris conscience d'une réalité. C'était assez touchant de le voir s'enthousiasmer pour la nourriture de chez lui ; il me montrait ce qu'il trouvait et me proposait de l'essayer à la maison :)

Parce que j'ai un colocataire français et que je peux trouver des produits semblables à ceux de la France, je ne me suis pas vraiment sentie nostalgique... mais cette expérience m'a ouvert les yeux sur mon colocataire Turc qui doit s'adapter à tant de choses différentes : la nourriture, la langue, la culture, etc.  J'apprends beaucoup d'ailleurs et qui sait, peut-être que la prochaine aventure sera en Turquie ?

16 octobre 2016

Du soleil et Newcastle !

Il n'y a pas longtemps j'ai pris un bus jusqu'à Newcastle, petite station balnéraire à deux heures de Belfast. C'était la journée d'automne parfaite pour partir en balade !

Le centre-ville ne semblait tenir qu'à des boutiques et restaurants présents d'un côté et de l'autre d'une unique avenue principale. J'ai apprécié l'air marin et je suis allée à l'office de tourisme en quête d'endroits à explorer. J'ai dû choisir entre le Parc de Tollymore et la réserve naturelle puisqu'ils étaient dans des directions opposées.                                                                                                                                                                                Une fois arrivée, j'ai demandé au chauffeur où je pourrais éventuellement prendre un bus pour retourner en ville puisque je ne voyais aucun arrêt près de là où il me déposait ! Il n'en savait rien mais m'a assuré qu'il y avait un bus par heure... Pas très rassurée.

Le vent s'est levé tandis que j'arpentais le petit chemin en bois de Murlough Bay et j'essayais de me persuader que je n'étais pas lâchée au milieu de nulle part. Finalement, je suis arrivée sur la plage et j'ai même rencontré des étudiantes principalement françaises avec lesquelles j'ai fait un petit bout de chemin ! Elles habitent à quelques rues de chez moi. Nous avons suivi un sentier qui nous a conduit à travers des dunes fixes et j'ai beaucoup apprécié la diversité des paysages ! Nous sommes passées de plages de galets, à des dunes pour finir près d'un étang. La journée s'est achevée sur un goût de gâteau au chocolat et cacahuète avec un nappage au caramel :) C'était une bonne pause de la vie mouvementée de Belfast, avec en prime, la rencontre de lapins et chevaux farouches !

 

Cette semaine, je suis allée à l'Institut et c'était bon d'avoir une pause spirituelle. Nous sommes restés un moment ensemble, à faire connaissance pour certains, et c'était une soirée bien agréable. En rentrant à la maison, je me suis aperçue d'avoir égaré mon téléphone ; le lendemain, j'ai refait le chemin jusque là (qui n'est pas à côté) sans rien retrouver. Je me demandais quelle était la raison à cette situation... et puis Lee m'a contactée dans la journée pour me proposer de me ramener mon mobile : il avait glissé dans sa voiture. Il est venu dans la soirée et nous avons papoté un moment. Je me suis sentie poussée à lui raconter certaines expériences et je m'en surprenais. Mais il a fini par s'ouvrir à moi et tout a pris un sens sur la "perte" de mon téléphone ; s'il n'était pas venu ce soir-là, nous n'aurions jamais eu cette discussion.

Les jeunes sont d'ailleurs enthousiastes d'avoir une Française ; quelques uns m'ont demandé s'ils pourraient parler cette belle langue avec moi et j'ai hâte de leur préparer quelques bons petits desserts de chez nous avec plein de beurre comme on les aime ! (voir album Newcastle dans la section "toutes les archives")

1 octobre 2016

Mes premières semaines.

J'ai atterri sur le sol Irlandais le 1er septembre 2016. A partir de ce moment-là, tout s'est enchaîné : trouver un logement convenable, régulariser ma situation, changer mon numéro de téléphone, faire les courses pour la semaine, découvrir mon lieu de travail et comment m'y rendre, etc. Je dois dire que je n'étais pas seule dans toutes ces démarches et heureusement, car j'ai eu la chance d'avoir un tuteur particulièrement bienveillant.

La première difficulté que l'on peut rencontrer lorsqu'on est "étrangère" est celle de la langue. Je n'y ai pas échappé lorsque j'ai rencontré celui qui serait mon bailleur ; Simon parle si vite ! Il a parlé de l'utilisation du gaz pour faire chauffer l'eau et fonctionner le chauffage, du chargement de la carte qui va avec, des déchets ménagers et du recyclage... Il me regardait avec de grands yeux compatissants en se demandant si je pouvais le comprendre - ce qui n'était pas vraiment le cas hahaha. Enfin, me voilà installée : j'ai de l'eau chaude pour ma douche, du chauffage pour les nuits fraîches, des poubelles vides et surtout, j'arrive maintenant à avoir une communication presque normale avec lui.

 

La semaine dernière, j'ai décidé de m'aventurer en dehors de la capitale, pour découvrir les beautés naturelles de l'Irlande du Nord avant que l'hiver et son froid mordant n'arrivent. J'ai pu réserver une visite guidée de la côte Nord où Carrick-a-rede, Bushmills Distillery et The Giants Causeway étaient au programme.
Samedi matin, en regardant par ma fenêtre, je me suis sentie un peu dépitée : de la pluie et des nuages.

Heureusement, la personnalité de Troy - notre guide/chauffeur - une fois montée dans le car, allait me mettre du soleil au coeur. Nous sommes arrivés à Carrick-a-rede et le paysage se présentait comme un rêve avec ses rochers gigantesques recouverts de végétation et le bleu grisé de la mer. En arrivant au pont, j'ai été prise de vertige mais je l'ai traversé aussi bravement que possible. Quel beau et émouvant spectacle que de se retrouver entre terre et mer, suspendue grâce à un pont de corde traditionnellement traversé par des pêcheurs de saumons ! L'ascension de l'îlot était un peu glissante à cause de la boue mais avec un peu de précaution, on arrive à destination sans aucun bleu.

Pendant la pause-déjeuner, j'ai fait connaissance avec d'autres touristes anglophones (un jeune couple de Canadiens, une Australienne et une autre de Nouvelle-Zélande) très sympa et patients avec ma capacité à communiquer. Nous avons ensuite repris la route vers la Bushmills distillery - réputée pour la fabrication de Whiskey qui fait la fierté et l'orgueil des Irlandais, rivaux des Ecossais ;) apparemment, c'est le fumage de leur orge et la pureté de leurx eaux qui en font la qualité. Mais je n'y connais rien. Nous n'avons visité que les "boutiques" donc je n'ai regardé les rayons que par curiosité et j'ai lu, après coup, que le prix d'une bouteille est exhorbitant.

Passons et continuons jusqu'au clou de l'excursion : la Chaussée des Géants. Je n'ai pas vraiment écouté la guide et ses explications sur la coloration rouge des collines, apparemment dûes à une montée de lave très lente...
Enfin, j'ai pû partir à la découverte - dans la bruine - de ce superbe site. J'ai entrepris de monter sur le flanc de la colline en direction de l'Ecosse que l'on pouvait discerner. J'ai admiré les belles formations rocheuses. Et puis, consultant ma montre, j'ai décidé de prendre le sentier pentu pour arriver au parking à l'heure du départ. Vingt minutes, c'est le temps qu'il me restait.

Un peu essouflée, je suis arrivée au bout de ce "red trail" pour trouver... des moutons !! Aucun bus à l'horizon. Je suis persuadée d'avoir compris les indications de la guide donc je décide d'avancer sur le sentier mais une pensée tourne en boucle dans ma tête : "C'est trop haut, il n'y a rien ici." Plus que dix minutes. C'est trop haut.  Mais il faudrait bien vingt minutes pour redescendre et retourner sur mes pas. Je peux bien prendre le temps de profiter du paysage maintenant... "Mais comment tu vas faire pour rentrer à Belfast ?". C'est trop tard. Je décide de redescendre parce que si le car est parti sans moi, il faudra bien que je trouve une solution pour rentrer. Il faut tenter le tout pour le tout. C'est trop tard.

J'arrive au centre de visiteurs ; j'ai quinze minutes de retard. Je traverse le centre et j'arrive sur le parking... Le bus est là ; Troy me fait signe, je cours. Il me demande ce qui s'est passé mais il n'insiste pas face à mon air hagard et mes habits bien mouillés. J'étais embarassée mais vraiment, vraiment reconnaissante et en prime : j'avais profité à fond de cette visite ! (voir l'album sur Antrim)

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